Le Sourire des femmes by Nicolas Barreau

Le Sourire des femmes by Nicolas Barreau

Auteur:Nicolas Barreau [Barreau, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, General
Éditeur: Heloise D Ormesson
Publié: 2013-02-06T23:00:00+00:00


J’ignore si je le devais au lait chaud, mais je dormis étonnamment bien, cette nuit-là. Lorsque je me réveillai, le soleil pénétrait dans ma chambre, pour la première fois depuis des jours. Je me levai et écartai les rideaux. Des aplats bleu clair recouvraient Paris, ou tout au moins le fragment de ciel rectangulaire que dégageaient les murs de la cour.

On ne voit toujours qu’un petit fragment, pensai-je en préparant mon petit déjeuner. J’aurais aimé voir un jour le grand tout.

Hier soir, quand j’avais aperçu Claude avec son amie enceinte, et que cette image transperça mon cœur, j’avais pensé voir la vérité tout entière. Pourtant, ce n’était que ma vérité, ma vision des choses. La vérité de Claude en était une autre. Et la vérité de la femme en manteau rouge en était encore une autre.

Pouvait-on atteindre le tréfonds d’un être ? Comprendre ce qui le touchait, ce qui le motivait, ce dont il rêvait vraiment ?

Je mis la vaisselle sale dans l’évier et fis couler de l’eau.

Claude m’avait menti, mais peut-être aussi l’avais-je laissé me mentir. Je n’avais jamais posé de questions. Parfois, on vit mieux avec le mensonge qu’avec la vérité.

Nous n’avions jamais parlé véritablement de l’avenir, Claude et moi. Il ne m’avait jamais dit : « Je veux un enfant de toi. » Et je ne l’avais pas dit non plus. Nous avions fait ensemble un petit bout de chemin. Il y avait eu de beaux moments, d’autres moins beaux. En matière d’affaires de cœur, il était absurde d’exiger une justice.

L’amour était ce qu’il était. Ni plus ni moins.

Je me séchai les mains, puis j’allai ouvrir le tiroir de la commode, dans l’entrée. J’en sortis la photo nous montrant, Claude et moi, et la regardai une fois encore. « Je te souhaite d’être heureux », déclarai-je, et je plaçai le cliché dans la vieille boîte à cigares qui renfermait mes souvenirs.

Avant de quitter la maison pour faire mes achats au marché et chez le boucher, je passai dans ma chambre et fixai un nouveau bout de papier à mon mur de pensées.



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